Des millions d'années d'érosion, de sédimentation et de mouvements tectoniques ont façonné le paysage de la Côte basque. C’est ici une région géologiquement active car proche de la chaine des Pyrénées dont la formation résulte de la collision entre deux plaques tectoniques, il y a de cela 40 millions d’années. Le long de ce littoral, les paysages côtiers sont exceptionnels. Les couches de roche apparaissent déformées, contraintes à se tordre telles d’immenses guimauves, laissant le promeneur songeur sur l’ampleur des forces de la nature ayant permis de telle prouesse.
Des roches extraordinaires
Les roches que l’on observe sont d’origine sédimentaire et se sont déposées dans des milieux marins plus ou moins profonds alors que les Pyrénées ne se sont pas encore formées. A leur place, s’étend une zone marine profonde appelée "sillon nord-pyrénéen", sorte de canyon sous-marin dans lequel les sédiments vont se déposer et s’accumuler pendant des millions d’années. La collision entre la plaque européenne et la microplaque ibérique a provoqué un pincement du sillon nord-pyrénéen, un soulèvement et une déformation des couches de sédiments.
Aujourd’hui, ces souches ou « strates » apparaissent sur les plages et les falaises. Ces couches de roches sont plus spécifiquement appelées des "flyschs", terme qui vient du verbe allemand "fliessen", signifiant "s’écouler". Elles se composent d’une alternance de calcaires, de marnes et d’argiles dont l’épaisseur est variable.
Une côte témoin d’un cataclysme
La côte rocheuse basque garde le témoignage d’une crise géologique et biologique intense qu’à connue la Terre il y a 65 millions d’années. A cette époque s’est produit un évènement cataclysmique qui a conduit à une disparition drastique de très nombreuses espèces aquatiques et terrestres dont les célèbres dinosauriens. Cette catastrophe, apparentée à la chute d’une gigantesque météorite et d’un intense volcanisme terrestre, appelée "limite KT", est enregistrée dans une couche de roche noirâtre marquant la fin de l’ère secondaire et le début de l’ère tertiaire. Cette couche est visible en de rares endroits dans le monde mais elle est observable sur la plage de Guéthary.
La Côte basque française est à ce titre une région remarquable d'un point de vue géoélogique s'étendant sur une distance d'environ trente kilomètres entre l'estuaire de l'Adour au nord et Hendaye. Ce qui la rend particulièrement intéressante, c'est la diversité de ses formations géologiques et de ses paysages. Les terrains les plus anciens affleurant sur le littoral sont d’âge triasique (début de l’ère secondaire). Il y a 220 millions d’années, la région était soumise à un régime marin intermittent qui est à l’origine du dépôt de couches de gypse, d’argiles et de sables littoraux. Ces niveaux n’affleurent qu’au sud-ouest de la plage du Pavillon Royal (Bidart).
Attention, côte fragile !
Bien qu’ayant déjà subies d’intenses déformations au cours de la naissance des Pyrénées, ces roches doivent aujourd’hui encore faire face à d’autres attaques : celles de l’érosion provenant à la fois de la mer et du continent. Les vagues, les houles, les courants et les marées ont tendance à éroder les plages de la côte basque, en attaquant les roches et entrainant les matériaux ainsi arrachés.
Du côté du continent, l’eau (eau de ruissellement, pluies) qui s’infiltre dans les roches contribue à sa dégradation. Ainsi, les flyschs sont dégradés et fragmentés en « altérites », nom donnée à ces nouvelles formations superficielles. L’ensemble de ces facteurs entraine un recul général de la côte basque, avec une formation et une disparition de pointes rocheuses et parfois le creusement de baies. Entre 1829 et 2000, le littoral a subi un recul moyen estimé à 30 cm/an (bien que certaines zones aient pu connaitre un recul d’environ 80 cm/an).
Au-delà d’un recul conséquent des côtes, la notion de « risque » prend toute son importance car les falaises sont soumises à des effondrements. Ces mouvements de terrain peuvent être déclenchés par des facteurs météorologiques, dynamiques (attaque de l’océan) ainsi bien qu’anthropiques. La gestion de la côte basque est donc une affaire complexe, nécessitant la protection du littoral en évitant son recul mais également la protection de l’homme et de ses activités. Plusieurs solutions ont été envisagées et appliquées pour la défense des côtes : enrochements, digues, épis, briselames et rechargements en sables pour les bas de plages ; ainsi que l’amélioration du drainage des eaux de pluie, des travaux de terrassement, de reprofilage, voire de boulonnage des plaques des roches au sein des falaises.
L’Observatoire de la Côte Aquitaine, réseau d’experts au service du littoral aquitain, mène de nombreuses études et observations de long des plages aquitaines. A la demande des collectivités, réunies sous le GIP Littoral Aquitain, l’Observatoire réalise des expertises de proposant des solutions permettant de gérer ce milieu fragile et en perpétuel mouvement.
Quand la nature fait le spectacle! Composée de falaises vertigineuses, de criques, la côte basque a de la personnalité... C'est aussi un livre d'histoire géologique qui raconte 60 millions d'années de l'histoire de notre planète. Cap Sud Ouest s'envole au dessus des paysages vertigineux de beauté... Lever de soleil à Pasaia, puis survol à marée basse des "Flysch", ces strates sédimentaires que la formation des Pyrénées a fait remonter à la surface.....Reportage Cap Sud Ouest France 3.
Images drone: Drone by Drone. Musique: Ibrahim Maalouf (BO "Yves Saint Laurent")
Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine : publication du rapport final du projet Littoview
Véritable dispositif de sciences participatives, l’initiative CoastSnap Nouvelle-Aquitaine a été lancée dans le cadre du projet pilote Littoview par le BRGM, le Centre aquitain des technologies de l’information et électroniques (CATIE) et l’ONF. Le rapport final du projet est dès à présent disponible.
Rapport de fin du projet Littoview CoastSnap Nouvelle Aquitaine
Source Bérengère Clavé-Papion Géologue, Médiatrice scientifique - Association Terre et Océan - Revue bimestrielle VuBienVu n°12 publié en 2012