Face à ces données, l’agriculture a un rôle majeur à jouer, quantitatif, car elle demeure le premier consommateur d’eau, qualitatif, car ses pratiques actuelles ont une incidence directe et néfaste sur la qualité de l’eau.
Ce premier Sommet Agroécologie Bordeaux pose une question : L’agroécologie est-elle une solution pour une gestion pérenne de l’eau en agriculture ? Pour y répondre, le sommet s’attachera à faire comprendre le cycle de l’eau et les moyens d’action disponibles au travers des pratiques agroécologiques.
Changer de mode de culture peut permettre de préserver la ressource en eau, voire d’en augmenter la disponibilité.
L’agroécologie a un rôle fondamental à jouer et c'est à Bordeaux que sera organisné le premier sommet de l'Agroécologie le jeudi 16 novembre. Ce sommet accueillera jusqu’à 400 participants. Des professionnels aux profils variés s’y retrouveront pour échanger sur les pratiques agroécologiques de demain, partager entre eux, mais aussi avec le grand public.
Cette journée sera l’occasion d’aborder les liens entre l’eau et le sol, l’eau et les végétaux, l’eau dans les écosystèmes lors de conférences et tables rondes animées par Françoise Vernet, Conférencière, Terre&Humanisme.
L'agroécologie, qu'est-ce que c'est ?
Elle s’appuie sur 5 principes définis par Miguel Altieri :
- l’optimisation des flux de nutriments et le recyclage de la biomasse ;
- la gestion de la matière organique du sol et la stimulation de son activité biotique ;
- la minimisation des pertes en termes d’énergie solaire, d’eau et d’air par une gestion microclimatique et par une protection du sol ;
- la diversification des espèces et des variétés génétiques cultivées dans le temps et dans l’espace ;
- l’accroissement des interactions et des synergies biologiquement bénéfiques entre les cultures et avec ce qui les environne, l’ensemble devenant un agroécosystème.
L’agroécologie est entendue en premier lieu comme l’approche agronomique des sols pour remettre les cultures, dont la vigne, dans leur contexte écologique. Il en résulte une agriculture sans pesticides (chimiques ou de synthèse) ou avec peu de pesticides (naturels à base de tisanes ou autres purins). Elle n’écarte aucun des procédés permettant d’atteindre ce but (agroforesterie, permaculture…) et se conçoit comme une approche globale au service du bien commun. Concrètement, cela signifie partager avec le sol la matière produite par le biais de la photosynthèse, remettre des arbres dans les agrosystèmes, réactiver la vie du sol et le préserver, notamment par des couverts végétaux et par une limitation voire un arrêt du travail du sol.
Contexte
S’ajoutant au changement climatique, les pressions environnementales et anthropiques sur les ressources en eau douce continentale sont exacerbées et deviennent un défi majeur en 2023. L’eau est précieuse. C’est l’élément vital pour le fonctionnement des écosystèmes et le développement humain, ainsi que pour la régulation du climat.
Les études scientifiques démontrent que l’impact humain sur la ressource en eau est omniprésent : nous prélèvons plus de la moitié de l’eau qui circule dans les rivières du monde entier.
Une étude a analysé plus de 450 représentations du cycle de l’eau dans 12 pays différents*. Les auteurs ont trouvé que 85% de ces schémas ne représentaient aucun des impacts dus aux interventions humaines sur le cycle de l’eau, et que seulement 2% montraient l’impact du changement climatique ou de la pollution des eaux. Or ces facteurs sont les deux principales causes de la crise mondiale actuelle concernant la ressource en eau.
Face à ces données, l’agriculture a un rôle majeur à jouer, quantitatif et qualitatif, urgent si l’on considère l’accélération du changement climatique en cours. Quantitatif, car elle demeure le premier consommateur d’eau (57% de la consommation en France, Bilan environnemental de la France 2021, ministère de la transition écologique), qualitatif, car aux côtés de l’industrie ses pratiques conventionnelles actuelles ont une incidence directe et néfaste sur la qualité de l’eau.
Elle doit donc mettre d’urgence en œuvre un faisceau de solutions face à cette problématique. L’une des clefs est de faire remonter la fertilité et la vie des sols qui ont diminué drastiquement en quelques décennies et qui contribuent largement au cycle de l’eau ; une clef complémentaire et concomitante consiste au sevrage des intrants chimiques (engrais et pesticides en tout genre, dont les impacts négatifs sur la santé humaine et environnementale ne sont plus à démontrer) ; dans son rôle d’aménageur du territoire elle doit également contribuer à « ralentir » le cycle de l’eau. Enfin, l’alimentation de tous étant dépendante de la production des agriculteurs, il est indispensable de repositionner la création de valeur à l’échelon des agriculteurs.
* Etude sur les représentations du cycle de l'eau : B. W. Abbott et al. Human domination of the global water cycle absent from depictions and perceptions, Nature Geoscience, 10 juin 2019
Pour en savoir plus https://carbouey.com/sommetagroecologiebordeaux/